NG, UniCredit et 7 autres banques européennes s’allient pour créer un stablecoin euro conforme MiCA en 2026. Analyse de cette offensive contre l’hégémonie américaine des stablecoins.
Neuf grandes banques européennes ont annoncé le 24 septembre 2025 la création d’un consortium révolutionnaire pour lancer un stablecoin euro conforme à la réglementation MiCA, marquant la plus importante initiative bancaire européenne pour défier la domination américaine sur le marché des stablecoins de 299 milliards de dollars .
Le consortium réunit des institutions financières de huit pays européens différents, illustrant l’ambition continentale de ce projet . Les banques fondatrices incluent ING (Pays-Bas), UniCredit (Italie), CaixaBank (Espagne), Danske Bank (Danemark), Raiffeisen Bank International (Autriche), KBC (Belgique), SEB (Suède), DekaBank (Allemagne) et Banca Sella (Italie) .
Cette diversité géographique témoigne d’une stratégie européenne coordonnée pour créer une alternative crédible aux stablecoins américains Tether (USDT) et Circle (USDC) qui dominent actuellement le marché .
Le consortium a créé une nouvelle entreprise aux Pays-Bas qui vise à obtenir une licence d’établissement de monnaie électronique (EME) auprès de la Banque centrale néerlandaise. Cette localisation stratégique aux Pays-Bas, siège d’ING, permet de bénéficier du passeport européen pour opérer dans toute l’Union européenne.
Un PDG sera nommé prochainement, sous réserve d’approbation réglementaire, et le consortium reste ouvert à l’adhésion d’autres banques européennes . Cette approche inclusive vise à créer le plus large consensus bancaire possible autour de cette initiative .
Le stablecoin euro est programmé pour être émis dans la seconde moitié de 2026, un timing qui coïncide avec la fin des périodes transitoires de MiCA au 1er juillet 2026. Cette synchronisation permet aux banques de bénéficier pleinement du cadre réglementaire unifié européen .
Floris Lugt, responsable des actifs numériques chez ING et représentant public conjoint de l’initiative, explique : “Les paiements numériques sont essentiels pour les nouvelles infrastructures de paiement et de marchés financiers libellés en euro” .
Le stablecoin offrira des transactions quasi-instantanées à faible coût et permettra un accès 24h/24 et 7j/7 à des paiements transfrontaliers efficaces . Les fonctionnalités incluront des paiements programmables et des améliorations dans la gestion de la chaîne d’approvisionnement et le règlement d’actifs numériques .
Cette approche technologique avancée vise à dépasser les fonctionnalités des stablecoins américains existants, en intégrant nativement les standards bancaires européens .
L’initiative s’inscrit explicitement dans une logique de souveraineté stratégique européenne dans les paiements . Fiona Melrose, responsable de la stratégie chez UniCredit, déclare : “Nous contribuons à répondre au besoin d’une solution fiable et réglementée pour les paiements et règlements sur blockchain, ouvrant la voie à une nouvelle norme qui soutiendra la croissance et la souveraineté financière de l’Europe” .
Cette démarche répond aux préoccupations exprimées par François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, qui soulignait récemment : “Si ce développement massif de stablecoins en dollars se confirme, l’Europe et ses banques ne pourront éviter la question d’un étage privé de la monnaie” .
Cette initiative massive contraste avec l’approche individuelle de Société Générale-FORGE qui a lancé ses stablecoins EURCV et USDCV de manière autonome . Alors que SG-FORGE totalise environ 90 millions de dollars combinés (EURCV + USDCV), le consortium bancaire européen dispose d’une puissance de feu collective incomparablement supérieure .
Les neuf banques représentent des centaines de milliards d’euros d’actifs sous gestion cumulés, leur donnant une capacité de distribution et de crédibilité institutionnelle unique dans l’écosystème européen .
Le stablecoin sera entièrement conforme dès sa conception au règlement MiCA (Markets in Crypto-Assets), contrairement aux stablecoins américains qui doivent s’adapter aux exigences européennes . Cette conformité native offre un avantage concurrentiel significatif sur le marché européen.
Les banques bénéficient de procédures simplifiées sous MiCA : elles peuvent obtenir l’agrément PSAN (Prestataire de Services sur Actifs Numériques) leur permettant d’opérer des services crypto dans toute l’Union européenne avec un seul agrément .
Chaque banque du consortium pourra proposer des services à valeur ajoutée tels qu’un portefeuille et une garde de stablecoins . Cette intégration directe dans les services bancaires traditionnels facilite l’adoption par les clients particuliers et entreprises .
L’approche diffère radicalement des plateformes crypto pures en proposant une continuité totale avec l’écosystème bancaire européen existant .
Le projet bancaire devra cohabiter avec les travaux de la Banque centrale européenne sur l’euro numérique, la CBDC européenne dont le déploiement est également prévu dans les années à venir . Cette concurrence potentielle entre stablecoin privé et monnaie numérique publique nécessitera une coordination délicate.
Les banques centrales européennes observent attentivement l’évolution des stablecoins privés, comme en témoignent les récentes déclarations du gouverneur de la Banque de France sur la nécessité d’un “étage privé de la monnaie” .
Le défi principal reste de conquérir des parts de marché face à Tether (172 milliards USD) et Circle (74 milliards USD) qui bénéficient d’un effet réseau massif . Le stablecoin bancaire européen devra prouver sa capacité à attirer les utilisateurs au-delà du simple argument de conformité réglementaire .
Cette initiative marque une institutionnalisation accélérée des cryptomonnaies en Europe . L’engagement direct de neuf banques systémiques valide définitivement la légitimité des actifs numériques dans l’écosystème financier traditionnel .
Pour les investisseurs crypto européens, cette évolution offre une garantie supplémentaire de stabilité réglementaire et de pérennité des investissements en stablecoins .
L’intégration bancaire native ouvre de nouveaux cas d’usage institutionnels : financement du commerce international, règlement de titres tokenisés, paiements inter-entreprises programmables . Ces applications dépassent largement les usages crypto traditionnels pour toucher l’économie réelle .
Le consortium reste ouvert à l’adhésion d’autres banques, ce qui pourrait créer un effet boule de neige dans le secteur bancaire européen . D’autres grandes banques comme Commerzbank, BBVA ou les filiales du Crédit Agricole pourraient être tentées de rejoindre l’initiative .
Cette dynamique collective contraste avec l’isolement relatif de solutions individuelles comme celle de Société Générale-FORGE .
Le succès de cette initiative pourrait établir de nouveaux standards européens pour les stablecoins, influençant les futures évolutions de MiCA et les approches réglementaires nationales . L’Europe affirmerait ainsi son leadership réglementaire mondial en matière de cryptomonnaies .
L’alliance de neuf banques européennes pour créer un stablecoin euro conforme MiCA représente un tournant historique dans l’évolution des cryptomonnaies institutionnelles . Cette initiative collective, prévue pour 2026, pourrait redéfinir l’équilibre géopolitique des stablecoins en offrant la première alternative bancaire crédible à l’hégémonie américaine .
Pour l’écosystème crypto européen, cette évolution marque la maturité d’un secteur désormais pleinement intégré au système financier traditionnel, ouvrant de nouvelles perspectives d’adoption institutionnelle et de souveraineté monétaire numérique .
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