Brian armstrong veut remplacer votre banque avec la super app coinbase

Brian Armstrong veut tuer votre banque traditionnelle : réalisme ou utopie ?

Quand Brian Armstrong, le PDG de Coinbase, déclare ouvertement qu’il veut “remplacer les banques” avec une super app crypto, ce n’est pas du marketing. C’est un plan d’affaires concret qui prend forme sous nos yeux . Mais entre l’ambition affichée et la réalité du marché, le fossé est-il franchissable ?

La guerre des frais : 2-3% contre quasi-zéro

Armstrong attaque là où ça fait mal : les frais de transaction. Ses mots sont sans équivoque : “Pourquoi payons-nous 2 à 3% chaque fois que nous utilisons notre carte de crédit ? Ce ne sont que des bits de données qui circulent sur Internet. Cela devrait être gratuit ou presque” .

C’est un argument que je trouve particulièrement convaincant. Quand on y réfléchit, ces 2-3% prélevés par Visa et Mastercard sur chaque transaction représentent des milliards de dollars de rente pure. Coinbase propose l’inverse : non seulement éliminer ces frais, mais en plus récompenser les utilisateurs avec 4% en Bitcoin sur leurs achats .

Sur le papier, c’est un no-brainer. Dans la pratique ? C’est là que les choses se compliquent.

La super app en construction : déjà des briques solides

La stratégie de Coinbase ne relève plus du concept. L’entreprise a commencé à poser les bases :

• Carte de crédit avec récompenses : 4% en Bitcoin, disponible pour les membres Coinbase One [3][8]
• Rendements sur stablecoins : 4,1% sur les USDC, bien au-dessus des comptes d’épargne traditionnels à 0,07%
• Intégration DeFi : partenariat avec Morpho permettant des rendements jusqu’à 10,8% sur les prêts USDC

Ce qui m’impressionne, c’est la cohérence de la vision. Armstrong ne construit pas juste un exchange avec des services annexes. Il construit un écosystème financier complet basé sur les “crypto rails” .

Mais les banques contre-attaquent

L’industrie bancaire traditionnelle ne reste pas passive. Les groupes de lobbying exercent une pression considérable sur le Congrès pour interdire les programmes de récompenses crypto. Leur argument ? Cela pourrait déclencher des sorties de dépôts de 6,6 billions de dollars.

Armstrong balaye ces craintes d’un revers de main, qualifiant “l’érosion des dépôts” de “mythe”. Son contre-argument est redoutable : si les banques manquaient vraiment de liquidités, pourquoi parkent-elles 3,3 billions de dollars à la Fed au lieu d’augmenter leurs taux pour attirer les dépôts ?

Le pari Bitcoin à 1 million de dollars

Armstrong ne se contente pas de critiquer le système actuel. Il mise gros sur l’avenir, prédisant que Bitcoin atteindra 1 million de dollars d’ici 2030 . Trois facteurs étayent sa confiance :

• La clarté réglementaire émergente aux États-Unis
• La création d’une réserve stratégique Bitcoin par le gouvernement
• L’afflux continu dans les ETF Bitcoin, dont Coinbase gère 80% des custody

Cette prédiction peut sembler extravagante, mais elle s’inscrit dans une logique industrielle : plus Bitcoin sera adopté institutionnellement, plus la position de Coinbase se renforcera.

Mon avis : brillant, mais attention aux écueils

La stratégie de Coinbase est brillante sur le papier. Elle s’attaque aux vraies faiblesses du système bancaire : coûts élevés, services cloisonnés, innovation limitée. Mais plusieurs défis me semblent sous-estimés :

• La résistance réglementaire : les banques ont des moyens de lobbying considérables et ne laisseront pas faire sans se battre.
• La complexité technique : créer une super app financière stable et sécurisée, c’est infiniment plus complexe que faire tourner un exchange. Un bug sur une carte de crédit ou un système de paiement, et c’est la catastrophe.
• La confiance des utilisateurs : confier l’intégralité de sa vie financière à une entreprise tech, même réputée, représente un saut psychologique énorme pour la plupart des gens.

Cela dit, si Coinbase réussit ne serait-ce qu’une partie de cette vision, l’impact sur l’industrie financière sera considérable. Et franchement, après avoir vu comment les banques ont résisté à l’innovation pendant des décennies, une bonne disruption ne ferait pas de mal.

Reste à voir si Armstrong et son équipe ont la patience et les ressources pour mener cette bataille de fond contre des adversaires qui ne reculeront devant rien pour protéger leur rente.